«Nous pouvons créer
la vision de l’univers de notre choix, puis accumuler des preuves qui la
confirment.»
–
Barry Neil Kaufman
Mille
excuses du long temps écoulé depuis mon dernier post.
Il
s’en est passé des choses…
La
déshumanisation pour moi c’est avant tout la méchanceté, et une de ses
manifestations dans l’interpersonnel, chacun peut se situer. On a déjà été
méchant tous et on sait comment on fait ça…
Plus
globalement, dans nos sociétés, c’est lorsqu’on arrête d’appeler les gens par
leurs noms et qu’on leur colle des qualificatifs du genre racaille, vermine,
cancrelats…Il y a des signes avant-coureurs dans les faits sociaux qu’il est
important de regarder et des attitudes qu’il faut condamner surtout quand elles
sont répétées par le plus grand nombre de personnes : la majorité n’a pas
toujours raison, le politique n’a pas toujours de jugeote !
Ou
est-ce que je veux en venir ?
C’est
à cause du terme vermine qu’on commémore le génocide au Rwanda. C’est à cause
du terme racaille que des véhicules ont été saccagés, brûlés en France à une
époque avant que les jeunes des banlieues parisiennes inventent en verlan le
terme KA.YI.RA.
De
quoi je parle ?
Des
expulsions des Congolais du Zaïre – puisqu’il faut préciser de quel Congo il s’agit
– d’un peu partout. Du Canada, d’Angola et tout récemment de Brazzaville au
Congo voisin. Et tout ceci, que ça fasse mal, que ça donne la rage ou que ça
donne la haine, c’est une conséquence d’une cause dont personne ne parle.
Et
c’est là que les choses sont intéressantes. Parce qu’on doit être capables,
dans toutes les postures de vie et dans toutes les successions d’évènements, de
nommer les vraies causes qui nous font agir… C’est là que mon regard s’arrête
et que mon intelligence a soif de compréhension. Et il faut pouvoir en parler,
au fait. L’évitement n’est pas la bonne attitude. Il se passe des choses
incroyables qui font remonter des sentiments tellement contradictoires qu’il
est important de s’arrêter pour se questionner.
Parce
qu’il y a des familles composées des ressortissants des deux pays. Des gens qui
s’aiment, qui ont fondé des foyers, qui ont des enfants ensemble et qui doivent
entendre chaque jour les termes « vermine, racaille, cancrelats »…
Tiens, on dirait du déjà-entendu ça… une radio appelée Radio des Mille collines…
Une telle conséquence ne peut qu’avoir une cause bien plus profonde que celle
étalée pour les caméras de la télévision et c’est important que l’élite prenne
les choses en main et fasse quelque chose.
Tant
que tout reste entre les mains du politique ou de la masse, on n’est pas sorti
du bois et les couples composés de ressortissants d’une rive et de l’autre n’auront
plus qu’à chercher une terre d’accueil et d’asile pour aller vivre leur bonheur
loin de « la radio du Fleuve » avec ses messages sur la vermine à
écraser…
On
a le devoir d’en parler, même quand ça fait mal.
Surtout
quand ça fait mal.
Toutes
les mochetés de la vie qui sont tues restent moches.
C’est
comme les violeurs à l’Est du Congo Zaïre et qui jouissent de l’impunité.
On
devrait sévir publiquement. Les désigner publiquement, que leurs noms circulent
partout, qu’on pointe du doigt leurs épouses et maîtresses quand elles font le
marché ou quand elles voyagent avec leur panoplie de valises Louis Vuitton. On
doit dire à leurs enfants ce que leur papa fait pour leur payer leurs vacances
à Disney Land. Pour que la chose faite salement, en cachette, soit révélée
publiquement…
Et
seul le temps confirmera ou infirmera la divulgation…
Parce
qu’il y a des « il parait » qui circulent. On est dans un continent
de l’oralité et dans les villes urbaines comme Kinshasa ou Brazzaville ça s’appelle
« radiotrottoir »…
Une
radio qui ne raconte pas que des histoires de rue… Oh non !
On
ne peut pas prendre les gens pour des cons éternellement. Un temps, oui, mais
pas tout le temps quand même. Faut être plus inventif.
Ma
prise de parole va au-delà du parti-pris. Je suis responsable de ce que je dis,
je ne suis pas responsable de ce que les gens entendent… Mais pour guider la
compréhension, je pense qu’on devrait être capable de se parler même quand on n’est
pas d’accord, c’est ça le truc. Laisser des traces sur terre c’est aussi prendre
ses responsabilités et assumer ses choix. La masse comme le politique devrait
sérieusement y réfléchir parce que le court terme est un piège à con pour ne
pas être objectif. Toujours s’associer au moyen et long terme. Toujours.
C’est
aussi valable dans l’interpersonnel tiens.
Et
by the way, une spéciale dédicace à tous ceux qui m’ont pourrie la vie ces
trois dernières années : merci !!!!!! Vraiment. Vous avez réveillé en moi
la lionne, vous m’avez donné le coup de pied qu’il fallait pour me challenger, me
repositionner, reprendre mon identité. Vous m’avez aidée à croître et mûrir
plus solidement. Merci…
Je
finis.
J’ai
lu quelque part un titre qui m’a interpellé : âge de déraison. Et on
parlait des temps actuels. Et plus loin le monsieur dira qu’il faut arriver à
un moment donné à s’épanouir dans le chaos. Et pour réussir, il ne suffit pas
de faire face au changement, il faut l’exploiter car tout changement est une
opportunité déguisée. Comme il est impossible de l’arrêter, il faut en tirer
parti…