« Entre fidélité au dessin parental et construction d’une
personnalité autonome, quelle figure de nouveauté avons-nous inventée ? »
Hum.
Je vais vous faire un
patchwork de réflexions sur ce qui me touche ces temps-ci…
Je suis dans la
revendication de tellement de choses ! De ma couleur à ma taille en
passant par ma chevelure et mon lieu de résidence… C’est fou combien on accepte
de faire des concessions là où on ne devrait pas. Depuis quand c’est si dur d’accepter
l’autre dans toute sa complexité ? À quel moment on donne le pouvoir à l’autre
ou à quel moment il prend son pouvoir pour nous mener en bateau ? Quand on
lui demande à quelle heure il va revenir ou quand on ne lui demande pas du
tout ? Quand on refuse d’aller voter ou quand on y va et qu’on choisit l’autre
candidat ?
C’est fou hein !
Il y a quelques années, j’ai
suis allée avec ma nièce en Belgique regarder Élisabeth II, le film… Et des
phrases comme ça me sont restées étampées, je vais les mettre, des fois que ça
donnerait des paragraphes entier :
Étrangère, étrangeté, étrange…
Je débarquais dans ce coin et je me posais
des questions sur la ville, sur les gens, sur les cultures…Comment en sont-ils arrivés là ?
Je trouve dans l’impossible tellement d’intérêt
Panneau de verre : loisir de me voir mais pas de me toucher
Surveiller la boussole, étudier les cartes et prier Dieu
Rien à l’horizon si ce n’est du brouillard
La terre, retrouvée, la résurrection
Banal plaisir d’être aimé pour soi…
Chez l’homme le désir n’accorde à sa satisfaction aucune distinction
Je ne serais pas le jouet du destin
Ça
fait plus de 15 ans que les zaïrois-congolais ont honte de s’exprimer
franchement sur le viol, la brutalité, le désespoir, l’abandon – une histoire
hélas familière.
Il
faut vraiment une mobilisation citoyenne à ce sujet…
Il
faut faire sauter le silence et arrêter de camoufler les faits. Dans nos
cultures, c’est la victime qui doit avoir honte, quelle ironie ! Et beaucoup
n’osent pas parler ou aller se faire soigner, trop effrayées à l’idée que leur
mari ou leur famille n’apprennent ce qui leur est arrivé.
Certaines
cependant, ne mâchent pas leurs mots. Des femmes qui n’ont plus de noms. Elles
en avaient un avant, mais il ne leur sert plus à rien. Ou du moins plus à
grand-chose. Des femmes sans nom, des femmes à cent noms. Personne ne les
appelle, personne ne leur demande leur avis, plus personne ne les courtise. Ils
disent viens ici, mets-toi là, ferme-la, couche-toi, suce, avale, tais-toi. À
se demander s’il existe d’autres formes de phrases sur terre. Et pourtant, elles
ne sont pas des « bordelles »…
C’est
devenu un jeu, on dirait… Il y eut un soir, il y eut un matin : une rébellion !
Il y eut un matin, il y eut un soir : une deuxième rébellion, plus leur lot de
violences ! Et le comble, ces messieurs se font la guerre les uns aux autres
mais en nous faisant croire aux mêmes revendications. Et en nous prenant pour
des cons, en passant.
L’autre
chose qui me fait réfléchir ces temps-ci c’est la découverte dans mes documents
du fameux « code noir de Louis XIV »…
Ce
code a réellement existé, trouvez-le, lisez-le, avec intelligence et dans le
but d’être capable de lire certains signes du temps !Parce que des Louis XIV, il en existe plein aujourd’hui, dans les amitiés, dans les amours, dans les couples, dans les familles triangulaires comme manche-longue, dans la politique, dans les églises, c’est incroyable.
Que
dit par exemple la Théorie de l’asymétrie des rapports de force ? Réponse du
ministre de la Culture de Louis XIV :
« La théorie de l’Asymétrie des
Rapports des Force établit qu’aujourd’hui, hier, demain, et comme toujours, la
suprématie est une affaire de force, une affaire d’armes. L’asymétrie des
rapports de force établit qu’on impose l’arbitraire à quelqu’un, non pas parce
que l’on est plus fort que lui, non pas parce que l’on est mieux ou supérieur à
lui, mais parce que l’on est armé, mais parce que l’on tient le fusil pointé
sur lui, et parfois, parce que l’on est sans morale. En règle générale, et
selon la thèse de la théorie de l’asymétrie des forces, celui qui tient le
fusil est faible physiquement, et en position de parasite, puisqu’il se sert de
la force, pour s’accaparer des ressources et des richesses d’autrui, tant qu’il
tient le fusil, il reste le maître.
Si l’esclave accepte sa situation de
servitude ou de soumission, sans se défendre par sa force et sa volonté contre
son agresseur, c’est aussi parce que celui qui le maîtrise se sert de la ruse
et du conditionnement psychologique pour anéantir sa velléité ou sa volonté de
révolte. Alors, au diable l’égalité, au diable la fraternité! Au diable la
paix, au diable l’indulgence. Place à la force et au “lavage des cerveaux”. Les
Noirs étant comme des animaux, d’un naturel dur et intraitable, on ne peut pas
les gagner par la douceur. »
Le Noir, la Femme, les populations civiles, les pays sous-équipés, l'épouse...
Enfin, la dernière chose est une cogitation sur le nom…
Certains
pensent que le nom et le prénom déterminent en partie l’identité. Dans la
plupart des pays, le nom qu’on donne à l’enfant aura pour tâche de le protéger,
de le caractériser. Il raconte souvent une lignée, une culture, une origine. Enfin, la dernière chose est une cogitation sur le nom…
En
tout cas… Faisons en sorte que ce soit une histoire intéressante sans cornes ni
sang…
Voilà,
la situation en dent de scie du Congo dit Démocratique, les rapport de force
entre autres qui ont été pensés il y a plus de trois siècles, le nom qu’on
donne à notre progéniture, tout ça, ce sont des voies de réflexion sur la vie
et ce qu’elle est et comment en être un raconteur, un témoin-acteur !!!!
Le
devoir de témoignage est important, parce
qu’il est toujours question de travailler sur la mémoire, et celle du
Congo(lais) m’intéresse le plus à cause de notre histoire commune, lui et moi.
Des souvenirs me reviennent, des sensations, des odeurs, des sons. Se fixer sur
la mémoire résonne comme du déjà entendu certes, mais c’est le plus urgent à
faire pour ce nouveau pays qu’on nous construit, un pays sans traces, sans
héritage, sans passé, sans présent, sans avenir, sans vie, sans existence et
qui risque, à cause de la défaillance d’une mémoire collective, d’être morcelé.
La
mémoire collective peut être portée par le nom, par la lutte contre l’ignorance,
en questionnant le passé et les ouvrages, elle peut aussi être portée par le
refus catégorique de concessions.
Le
Congo est une splendeur, dans chacun de ses recoins, une splendeur ignorée par
tant de ses habitants. On a tendance à en parler comme d’un sous-continent. À
l’école on a étudié qu’il fait six fois la France et quatre-vingt fois la
Belgique. C’est de là que nous venons, même si désormais c’est un endroit où
les choses se passent beaucoup à l’envers…
Là-bas,
les mères ont pris la place des pères. Dans les campagnes, dans les villes
comme dans les villages. Parce qu’on est des femmes debout avec une volonté de
survivance époustouflante.
C’est
ce qui fait de ce Congo un pays impérissable. Kinoise, Boyomaise, Kasaïenne,
Kivutienne, Katangaise, verticales et toujours debout…